Citoyen du monde ? Galvaudé. Rétréci. Mais il y a l’esprit. Vivre le monde avec ceux qui le vivent, là-bas, chez eux et avec eux. Anthony Dufour érige la proximité en principe cardinal pour Hikari, l’agence de presse qu’il a fondé seul à Lille en 2002. Après avoir baroudé à La Voix du Nord (Maubeuge, Fourmies, le service des sports), après l’audiovisuel de NEP-TV à Lille, les reportages nordistes pour TF1, il décroche et part en Asie, toujours seul, pour la chaîne. Jusqu’au retour dans le Nord pour faire naître Hikari par des reportages tournés partout dans le monde, une vue de l’étranger racontée à un public français. « Pas les mecs en cravate dans les sommets internationaux, mais monsieur Li avec ses problèmes en Chine. »
L’agence (14 salariés dont 7 journalistes, 2,5 M€ de chiffre d’affaires) a des correspondants permanents à Pékin, en Amérique du Nord et du Sud. « Les équipes d’émissions de type Envoyé Spécial partent cinq jours et sont obligées de tricher avec la réalité, ils n’ont pas le temps. Nous, on se l’accorde », dit-il, citant un sujet sur la pollution au Brésil vécu par un militant écolo suivi pendant deux ans. Ou celui sur des dissidents chinois, jusqu’au prix Nobel avant son incarcération. Hikari conçoit également des documentaires pour les chaînes françaises, avec ce même fil rouge de la vie quotidienne de l’étranger racontée aux Français. Jusqu’à l’activité « corporate », pour les entreprises : « Quand L’Oréal nous choisit, c’est pour savoir ce que les femmes asiatiques aiment mettre sur leurs peaux… ». Mais alors l’édition ? « Nous l’avons lancée il y a un an et demi, avec de l’ambition, explique Anthony Dufour. De plus en plus de gens veulent aller à l’étranger et on peut raconter beaucoup de choses dans les guides. »
Mais pas n’importe comment. Et vlan contre les séries de type Routard ou Petit Fûté. « Datées, trop rapides, sans intérêt. » Les guides « Portraits de… » (capitales) sont une mine d’infos concrètes livrées par des habitants soigneusement choisis. La collection « Vivre le monde » s’annonce « guide de terrain ». Hyperpratique, avec des auteurs « qui savent de quoi ils parlent ». Face à « l’infobésité » d’Internet qui dit tout et son contraire, les guides de voyages d’Hikari offrent de la belle matière et de la valeur ajoutée. « J’aimerais devenir le premier éditeur nordiste vendu dans les librairies françaises, être l’Actes Sud du Nord »… Anthony Dufour a le droit au rêve, il s’en est donné les moyens. Pas à Paris comme on aurait pu s’y attendre, mais à Lille. « Pour la solidarité professionnelle et les valeurs plus humaines. » Ah oui ?